Pique-nique

Le pique-nique représente la trêve après l’ascension d’un col ou d’une balade. Une coutume prétextant au rassemblement, au partage de son repas autour d’une conversation dans un environnement champêtre. 

Autour de ce thème, j’ai souhaité jouer avec les contradictions de la mise en scène d’une vaisselle fastueuse en porcelaine, habituellement désignée aux arts de la table, placée dans le contexte improbable du pique-nique. 

Habituellement, l’emploi d’un set à pique-nique n’a d’autre fonction que son rôle pratique – généralement en plastic, léger, incassable – il est ici sublimé par la noblesse du matériau choisi, la porcelaine. Néanmoins, son usage utilitaire est conservé, puisque les contenants s’emboitent les uns aux autres, maintenus par une sangle en cuir. Décontextualisé, ce set à pique-nique luxueux revêt un caractère insolite.

L’origine de cette pratique en occident date de l’Antiquité, où l’on pratiquait déjà l’art de déjeuner sur l’herbe. Manger sur le pouce était lié à la vie à la campagne. L’étymologie du mot « pique-nique » viendrait d’ailleurs de « piquer », c’est-à-dire picorer des niques, un terme datant du XIIIe siècle, signifiant « chose de peu de valeur » 1.

Jusqu’au XVIIIe siècle les salles à manger n’existaient pas, des tables étaient improvisées dans les pièces où l’on se trouvait. Dès le moyen âge, déjeuner dans les champs était d’usage aussi bien chez les paysans que chez les nobles. C’est le XVIIe siècle qui voit cette pratique se répandre et popularisée par les aristocrates où chacun amène sa part. Au XIXe siècle les pique-niques se démocratisent et vont permettre au peuple de jouir des somptueux jardins royaux. On prône le rejet des méfaits de l’industrialisation et le retour à la nature.

De nos jours, les pique-niques sont devenus un véritable art de vivre, se déclinant selon l’occasion, en repas simples ou gastronomiques, à la montagne, ou ailleurs.

1.Dictionnaire historique de la langue française, Robert